Enseigner le français, oui, mais quel français ? (by Caroline Dault)

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C’est le premier cours. Ils sont nombreux à vouloir apprendre le français. À avoir envie d’interagir avec les gens qu’ils rencontrent dans cette ville où ils ont pour la plupart décidé de s’établir le temps de leurs études – ou d’une seule session, c’est selon. Certains connaissent déjà quelques mots, bien sûr. « Bonjour! », « ça va? ». Ils sont curieux devant cette langue qu’ils entendent depuis quelques jours, quelques semaines, quelques mois. La prof, enjouée, leur donne leurs premières clés. « Je m’appelle X ». « Je suis Québécoise. Tu es Coréen? ». Une main se lève : un étudiant aux oreilles affutées explique, en anglais – évidemment, qu’il a entendu une autre prononciation pour « je suis », qu’on lui a expliqué qu’elle était propre au Québec.

« Déjà!? », pense la prof. Elle lui demande : « Chuis ? Chus? »

« Yes, something like that. »

Et la prof s’interroge. C’est le premier cours d’une session qui sera bien chargée. Des étudiants, tout au fond de la classe, semblent déjà en surcharge cognitive. Dépassés parce qu’eux, ils découvrent réellement le verbe « être » pour la première fois. Contrairement à d’autres, ils n’ont pas encore entendu d’« au revoir » ou de « comment allez-vous? ». Peut-être parlent-ils une langue dans laquelle le verbe ne se conjugue pas, peut-être leurs connaissances en anglais ne leurs permettent-elles que difficilement de suivre ces premières explications grammaticales sur le français. La prof se demande si elle doit répondre à la question de l’étudiant, au risque d’en perdre quelques autres.

À partir de quel moment dans l’apprentissage d’une langue seconde doit-on enseigner le vernaculaire, la langue courante ?

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