Addition > Division

Geraldine Gras (1):

Je me permets d’écrire ma première publication sur ce blogue en français. Tentative après tentative, je rencontre de la difficulté à m’exprimer tel que je le voudrais en anglais alors je sors mon autre paquet de cartes, celui-ci francophone. Cette envie d’écrire en français est aussi la conséquence d’un évènement survenu lors d’une rencontre avec les parents d’un de mes élèves. Ma partenaire d’enseignement (l’enseignante d’anglais) et moi-même avions rendez-vous avec des parents afin de discuter les besoins particuliers de leur enfant. Étant enseignante dans une commission scolaire anglophone, et de plus dans un secteur anglophone tel que Westmount, la rencontre fut en anglais afin de faciliter la communication. À la fin de la rencontre, la mère m’approcha et me dit : « Geraldine, you are [very] anglophone French teachers ». En premier lieu, cela m’a fait sourire. Après tout, c’est bien sympathique de se faire dire que l’on s’exprime convenablement, sans accent lié à sa première langue, lors de l’utilisation de sa deuxième langue. Puis, ce commentaire m’a tout de suite ramenée au deuxième cours lors qu’on adressait l’idée de l’identité langagière. Suis-je devenue trop anglophone pour mon rôle d’enseignante de français?

Le commentaire fait par cette mère m’a beaucoup fait réfléchir, puisque l’opposition qu’elle y a insérée en est une que l’on retrouve quotidiennement au Québec: le français et l’anglais. Pourquoi a-t-elle fait ce commentaire ? Était-elle surprise par mes capacités en anglais? Selon elle, l’enseignante de français devrait-elle parler exclusivement français à l’intérieur et à l’extérieur de la classe?

Suite à notre cours cette semaine, il me semble que notre système scolaire ainsi que les pratiques pédagogiques adoptées dans la majorité des écoles sont axés sur une approche structuraliste vis-à-vis de l’identité langagière des apprenants. À premier coup d’œil, Montréal (pour ne pas parler au terme trop large du Québec) promeut le bilinguisme (anglais/français). Par exemple, le slogan actuel de la Commission Scolaire English Montréal est : « Être bilingue c’est gagnant ! » Or, les apprenants se retrouvent rarement dans un contexte de bilinguisme où le français et l’anglais ne s’affrontent pas en concurrence. Par exemple dans mon établissement scolaire, les élèves ont deux enseignants différents, deux classes différentes et deux curriculums différents. L’enseignante de français se charge de l’enseignement du français, de l’univers social, de l’art ainsi que l’éthique et culture religieuse pendant que l’enseignante d’anglais se charge de l’anglais et des mathématiques. À moins que les deux enseignants collaborent ensemble, les apprenants pourraient aussi bien suivre leur cours de langue dans deux bâtiments séparés.

Au lieu de démontrer aux élèves que l’interaction entre deux langues peut se faire afin de promouvoir l’acquisition et la compréhension de celles-ci, les élèves sont réprimandés lorsqu’ils utilisent une autre langue que celle enseignée dans la salle de classe. En tant qu’enseignante, je demande à mes élèves d’être en mode « français » en tout temps dans la classe, ma collègue fait de même, mais pour l’anglais… alors quand est-ce que nous laissons nos élèves se construire leur propre identité langagière liée à ces deux langues?

Il ne faut pas pour autant présumer que ce genre de fonctionnement est applicable dans toutes les écoles sur l’ile de Montréal (on aime la diversité, il paraît). Certaines classes dans la CSEM sont bilingues, c’est-à-dire qu’un seul enseignant assure l’enseignement de toutes les matières dans les deux langues ciblées. Il me semble qu’une telle approche corrobore mieux l’intention pédagogique, mais celle-ci entrainerait des répercussions sur les formations professionnelles si elle devenait obligatoire.

For all the non-speakers of French in our class, I apologize for writing in French. Long story short, Montreal school boards promote bilingualism however the ways in which classrooms are set up in schools rarely promote a positive interaction between the two target languages: French and English. Promoting bilingualism in a structuralist framework could be compared to identifying as bilingual and being called “too” Anglophone for a Francophone. I like to think I’ll some day efficiently model to my students qu’on peut être les deux, without adjusting our language identity for society.

3 thoughts on “Addition > Division”

  1. Hi Geraldine,
    Merci beaucoup pour ta blogue en francais! Je vais repondre en anglais…
    The situation you’ve so well described does indeed reflect a structuralist perspective of language, what Ophelia Garcia and other proponents of a fluid approach to bi-/multilingual education (e.g., Adrian Blackledge; Angela Creese; Jim Cummins; Elena Shohamy; Chritine Helot, etc.) refer to as separate bilingualism; that is, developing two distinct monolinguals in one person and calling it bilingualism. In what way does this separation reflect how people actually experience and use language, especially in a city like Montreal, where the two languages are deeply intertwined? We will talk about fluid multilingual approaches to language education in couple of weeks, but if this is something that you want to read more about, all and any of the people mentioned above will open up a big world of literature and ideas.

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