Immersion langagière à Toronto avant le début de la session (par Édouard Laniel-Tremblay)

This second “hors série” post by a McGill MA student who was inspired to write about the recent Language Policy and Planning conference in Toronto comes to you mid-week. We are seizing every possible opportunity to remind our readers that BILD will take over the organizing of this conference the year after next. We hope to see you in Canada’s most linguistically politicized city in August 2020. Montreal—where language policy and planning are what you pick up at the dépanneur…

Du 24 au 26 août dernier s’est déroulée à Toronto la septième édition de la conférence Multidisciplinary Approaches in Language Policy and Planning (Approches multidisciplinaires en politiques et planification linguistiques)

organisée par l’OISE/Université de Toronto. Un peu plus de 90 présentations représentant un total d’une cent-quarantaine d’invité.es ont exposé les fruits de leurs plus récents projets et études. Il n’est pas surprenant que le contexte canadien ait influencé une représentation plus forte des thématiques concernant les deux langues officielles. Il en reste que les organisateurs, Jeff Bale, Eve Haque et leur équipe,  ont élaboré une programmation affichant une belle diversité de thématiques représentant des enjeux provenant de toutes les régions du globe.

Sans surprise, une attention particulière à l’anglais se dégageait des présentations en interrogeant son statut de lingua franca, de langue de prestige, mais aussi des contre-coups de cet impérialisme et de son impact sur les langues locales. À ce sujet, Tania Granadillo, Jordan Lachler et Sarah Shulist ont exposé les programmes de revitalisation des langues autochtones sont d’une importance capitale et en quoi les aléas de la vie peuvent en affecter le succès. Le développement d’une idéologie basée sur une prise de conscience métalinguistique peut faciliter la conjugaison d’apprentissage de langues autochtones et de langues allochtones offrant un différente type de mobilité.

Le cas du Québec a été abordé à quelques reprises, notamment par Leigh Oakes, qui a relevé en quoi le caractère endonormatif attribuable à cette population ne doit pas se transformer en œillères éthiques, voire ethniques. Il a également fait une distinction pertinente concernant comment le français québécois écrit et oral diffèrent au niveau de la perception qu’ont les individus de leur rôle en tant qu’agent linguistique. Il a insisté sur la dimension plus libre de l’oral et donc, de l’importance de cette forme d’expression dans une perspective de justice linguistique.

La conférence s’est terminée sur une forte note par l’allocution de Monica Heller au sujet de au sujet de l’institutionnalisation des politiques linguistiques pendant la Guerre froide. Elle a mis l’accent sur l’instrumentalisation du monolinguisme dans le processus de modernisation des États au cours de ces décennies en soulevant en quoi des politiques linguistiques peuvent avoir un grand pouvoir de contrainte et de régulation sociale étant donné qu’elles étaient souvent le fruit de l’intersection entre le capitalisme industrielle, le colonialisme et j’ajouterais, le patriarcat.

Sur un plan plus personnel, j’ai été, tout comme plusieurs autres participant.es, fasciné par l’interprétation visuelle simultanée et de constater à quel point ce travail implique tout le corps des interprétatrices et interprétateurs. Il était aussi agréable d’essayer de décoder les mouvements et gestes en essayant de les associer aux discours des conférencières et conférenciers.

Dans un autre ordre d’idée, il était intéressant d’analyser le style de présentation des personnes invitées. Par exemple, Tiffany S. Lee a utilisé l’histoire de sa famille pour faire le lien avec différentes politiques qui ont affecté les Premières nations aux États-Unis ainsi que les processus de revitalisation des langues autochtones. Ou encore, Yael Peled a débuté sa présentation sur la dignité linguistique en faisant mention de la situation d’une personne âgée montréalaise d’origine grecque qui ne parle pas français, mais qui a été placée dans un centre pour personnes âgées francophones. Cela faisant contraste avec le style de présentation académique conventionnel où on semble parfois oublier que les données analysées et présentées proviennent d’observations et de rencontres avec des humains.

Sans aucun doute, cette édition de la Multidisciplinary Approaches in Language Policy and Planning fut un franc succès sur toute la ligne. Également, je vous invite à lire la publication de mon collègue James Meanwell et à considérer de vous inscrire à la prochaine édition en août 2019. À l’an prochain et au plaisir de vous y voir!

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