Histoires de Familles (by Patricia Houde-Leclerc)

L’été est une époque de l’année où les gens au Québec sont beaucoup plus détendus et en profitent pour se reposer et prendre les choses plus relaxes. C’est pour plusieurs l’occasion de sortir de la routine habituelle, de participer à des évènements spéciaux, d’aller passer du temps au chalet, de profiter du beau temps, d’assister à des festivals, de se réunir entre amis et de revoir la famille. L’été au Québec c’est tellement merveilleux! Depuis déjà plusieurs année12042286_10153605550835930_881694497_ns, chaque été c’est la tradition d’organiser un rassemblement familial  sous prétexte de se revoir, tant du coté de ma mère que du côté de mon père. C’est toujours vraiment agréable de
revoir la parenté. Cette année encore, même si c’était moins formel qu’à l’habitude, nous avons trouvé le moyen de nous réunir et de partager un repas en famille. Il est vrai qu’on était moins nombreux que de coutume, mais une bonne partie de la parenté était présente. Plusieurs nous ont malheureusement déjà quittés, mais les plus jeunes prennent la relève et le cycle de la vie se renouvelle. J’ai donc eu la chance de revoir plusieurs oncles et tantes, cousins, cousines, neveux, nièces, etc. C’est que, voyez-vous, nous sommes plusieurs: depuis la lignée directe de mes grands-parents, il y a 38 petits enfants du coté des Houde et 25 chez les Leclerc. Ça fait beaucoup de monde en messe pour reprendre une expression de chez-nous!

Du côté de ma mère, chez les Leclerc, je suis de la 11ième génération de ceux qui ont immigrés ici. Mon ancêtre Jean Leclerc, de Dieppe en Normandie, marié en France avec Marie Banquet en 1657, est venu s’établir à l’Île d’Orléans en Nouvelle-France en 1660. Mes grands-parents Victor Leclerc et Marie-Jeanne Gagnon, se sont mariés à St-Adelphe le 12 septembre 1928 et ont eu neuf enfants, soit sept filles et deux garçons. La famille Leclerc est venue s’installer au chemin Bellevue à St-Boniface (http://www.municipalitesaint-boniface.com/) à trois maisons de l’endroit où mon père est né et a grandi. Mes grands-parents Leclerc réussissaient à vivre avec très peu d’argent. Mon grand-père avait subit un grave accident alors qu’il travaillait à la mine et était resté avec des séquelles. Ils ont perdu un de leurs fils alors qu’il avait une dizaine d’années dans un accident de bicyclette. Les filles ont toutes très jeunes cessé d’aller à l’école pour commencer à 12059747_10153605552135930_1456390478_otravailler à l’extérieur du foyer, à la « shop » à chemises de Shawinigan, pour contribuer au budget familial. Les temps étaient difficiles, mais l’amour, la foi et la coopération leur ont permis de bien s’en sortir. Ma grand-mère gardait des animaux qui produisaient le lait et les œufs pour la famille et avait aussi son potager. Clément, le seul garçon, habite maintenant la maison où ma mère a grandit. Ma grand-mère Leclerc, la seule grand-mère que j’aie connue, était une femme douce, humble et très croyante. La bonté incarnée!

Chez les Houde, je suis aussi de la 11e génération depuis notre immigration au Québec. Mon ancêtre Louis Houde originaire de Manou en France est arrivé à l’Île d’Orléans au Québec en 1647. Il a épousé Madeleine Boucher en 1655 et ils ont eu 14 enfants. Mes grands-parents paternels, Dorcenio Houde et Louisa Grenier, déjà établis à St-Boniface ce sont mariés le 19 janvier 1921 et ont eu 12 enfants, soit deux filles et 10 garçons. L’année suivante, en 1922, mes grands-parents Houde 12055289_10153605554840930_767158683_oont construit la maison où ils ont élevé leur progéniture. Cette maison paternelle, maintenant presque centenaire, a comme bien d’autres au Québec beaucoup d’histoire. Dans son adolescence, mon père, avait été “prêté” à son oncle et sa
tante qui avait besoin d’aide pour 12043622_10153605552740930_961120721_os’occuper de leur ferme. Il voyageait à pied pour aller à l’école de la Baie de Shawinigan. En 1952, quand mes grands-parents âgés de 55 et 56 ans sont décédés le plus jeune garçon avait à peine 11 ans. C’est à ce moment que ma tante Louise-Hélène âgée de 14 ans avait dû laisser les bancs d’école pour prendre soin de la famille. Pendant six ans, elle s’est occupée de la maisonnée sous la tutelle de mon oncle Jean-Marie, l’aîné de la famille. (http://municipalitesaint-boniface.ca/Les-Grands-Bonifaciens.php#Louise). Les plus vieux travaillaient pour aider les plus jeunes qui allaient encore à l’école. Il y avait beaucoup d’amour, d’entraide et de dur labeur dans la famille. C’est incroyable comment le décès trop hâtif de mes grands-parents a obligé la famille à s’unir pour s’en sortir.

C’est d’ailleurs cette maison construite par mes grands-parents que mes parents 12043544_10153605540665930_173057146_oont acheté quand ils se sont mariés en septembre 1958. C’est donc dans la même maison où mon père est né que moi et mes deux sœurs avons grandi et passé toute notre jeunesse. C’est là aussi que mes parents ont vécu jusqu’à leurs derniers jours. Jeune, mes parents ont passé par des épreuves difficiles. Ils ont dû se reprendre à trois occasions pour se marier. La première fois, mon grand-père Leclerc est décédé et la deuxième fois ma mère a eu la tuberculose. La troisième fois a été la bonne! Une fois mariés, ils ont perdus leurs trois premiers enfants, dont deux par fausse-couche. La première petite a vécu jusqu’à l’âge de huit mois. Après six ans de mariage, je suis née et ont suivi mes sœurs Suzie et Annie. Au moment de ma naissance, mon père qui était mécanicien, ouvrait son propre garage. Le garage, qui a été vendu depuis, existe encore aujourd’hui (http://www.alignementhoude.com/). Dans ma jeunesse, ma mère, une des seules femmes du coin à avoir une voiture, nous transportait partout pour qu’on puisse participer à des activités et suivre des cours de toutes sortes. Mon père aimait beaucoup voyager et nous faisions un voyage en famille chaque été, habituellement au Québec. Mes parents nous ont beaucoup donné, mais l’amour inconditionnel qu’on a reçu reste l’élément fondamental dans ma famille. L’histoire de mes parents et de mes grands-parents nous a créée telles qu’on est.

12048930_10153605548135930_648088445_nChaque famille a sa propre histoire, son parcours de vie, ses particularités, ses coutumes, ses racines, ses origines qui forment notre identité individuelle et collective. Cette histoire est celle de ma famille, décrite ici brièvement. Je vous ai partagé ce texte pour vous faire connaître l’histoire de deux familles qui ont immigré au Québec, il y a de cela plus de 350 ans. Mes ancêtres Houde et Boucher, Leclerc et Banquet sont venus d’ailleurs et ils ont choisi de venir s’installer en Nouvelle-France pour entreprendre une nouvelle vie. Deux familles qui ont changé le cours de l’histoire car sans eux je ne serais pas ici et le Québec serait très différent. Je crois que c’est la même histoire pour tous les immigrants qui, comme nous, viennent d’ailleurs et transforment leur nouveau milieu au fil des générations. Tous viennent avec l’espoir de commencer une nouvelle vie et procurer le meilleur pour leur famille. Ils vont même jusqu’á laisser leurs proches, leur profession, leur statut social et toutes leurs possessions pour venir s’installer chez nous et recommencer à neuf. De quelle manière pouvons-nous ouvrir nos portes et les aider à bien s’intégrer chez nous pour qu’ils développent ce sentiment d’appartenance et cette fierté de vivre ici? Il est important de se poser la question et d’agir en conséquences pour bâtir ensemble la société qu’on souhaite continuer à construire dans le monde actuel.12059169_10153605540810930_1914975014_o

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