Feeling libre de pensar (by Claude Quevillon Lacasse)

Claude Quevillon Lacasse, our guest blogger this week, is a PhD student in education at Université du Québec à Montréal (UQAM), course lecturer for future French as a Second Language (FSL) teachers at UQAM, and collaborator at the Ministry of Education (MEES) for FSL programs. Her main interests concern crosslinguistic pedagogy in English Language Arts (ELA) and FSL, metalinguistic awareness, grammar teaching to support writing, and grammar teaching through literature.

This week’s blog post includes a linked audio file. Just click on the link below if you would like to hear the post read aloud. Scroll down to read the text.

J’ai désactivé les fonctions de vérification des « fautes » de mon logiciel de traitement de texte pour pouvoir rédiger ce billet sans devoir justifier à la machine que je suis trilingue. J’ai développé une aversion particulièrement aigue envers le correcteur automatique de l’application de messages texte de mon téléphone cellulaire. ¡Suerte que me sé de memoria los shortcuts del Código ASCII! (Alt+173 pour le point d’exclamation à l’envers; Alt+162 para la “o” con acento…)

I’m sometimes under the impression of having to put on blinders to shut off one or two languages. Sin embargo, cuando me encuentro con una persona que sé que comparte los tres mismos idiomas, a un nivel de competencia parecido al mio, entonces sí, me siento libre. Libre de pensar como lo puedo, without any boundaries, sin límites, thinking freely.

La théorie des modes langagiers de Grosjean, au sujet du bilinguisme, m’interpelle particulièrement pour expliquer ce sentiment dans les situations où je me trouve « dans l’obligation de [me] servir d’une seule langue » (Grosjean, 2018 : 10). Je suis consciente que mes langues sont toujours présentes dans ma tête, comme l’indique le modèle de multicompétence de Cook (2016), mais j’en active une plus que les deux autres selon les paramètres de la situation de communication :

  • Je donne une formation à des enseignants de français langue seconde que je ne connais pas, je n’active que le français et je me concentre pour utiliser un langage assez formel, tout en demeurant accessible.
  • Hablo con mis cuñadas, solo guardo el español.
  • I love being on exclusive English mode to watch my favorite English-speaking movies or series.

Cependant, si je veux m’exprimer complètement, de façon la plus libre possible, je dois pouvoir débloquer les trois langues en même temps, ce que j’appelle mon « full-on trilingual mode” (en référence à un certain « full-on zombie mode” d’une certaine série télévisée…) – je n’en peux plus des changements automatiques des touches de mon clavier d’ordinateur, qui m’empêchent de faire les guillemets que je veux!

Me he dado cuenta que eso pasa muy poco en mi vida, es decir que no conozco tantas personas con quienes puedo hablar como yo quiera. That’s the thing: ce n’est pas tout à fait une question de situation de communication, más bien una cuestión de evaluar your interlocutor’s language competency. When you know for sure that the other person shares a similar linguistic repertoire, you can truly let go, let your thoughts go. Como dije, ça n’arrive pas souvent… However, when it does happen, I feel aliviada (la traduction en français serait probablement « soulagée », mais ce n’est pas vraiment ce que je veux dire!).

J’ai écouté récemment une entrevue que Damien Robitaille s’accordait à lui-même à la demande de la chaîne Youtube Plus TFO. L’auteur-compositeur-interprète franco-ontarien y aborde entre autres l’insécurité linguistique dont il a souffert par rapport à son « accent », aux oreilles de certains, lorsqu’il s’exprime en français, une de ses deux langues d’upbringing. También habla de cómo cambió su forma de ser cuando aprendió el español al conocer a su esposa. Le trilinguisme qui en a découlé lui a entre autres fait réaliser le sentiment de liberté que procure l’activation de toutes ses langues, c’est-à-dire le mode langagier trilingue, sentiment qu’il exprime ainsi : « honnêtement, je suis plus à l’aise dans un monde où je peux mélanger toutes les langues ».

C’est un sentiment étrange, de sentir son esprit s’ouvrir por completo, mais surtout de réaliser que, connaissant désormais ce possible, je ne souhaiterais jamais retourner en arrière. Sería como perder una parte de mí, comme se faire amputer. Je progresse – slowly, but surely – vers cette liberté d’expression trilingue avec mes enfants. C’est un cadeau que je veux leur faire depuis avant même leur conception; that way, I know we will always have each other pour nous exprimer sans œillères et ne jamais nous sentir ajenos.

Références

Cook, V. (2016). Transfer and the Relationships Between the Languages of Multi-Competence. Dans R. Alonso Alonso (dir.), Crosslinguistic Influence in Second Language Acquisition (p. 24‑37). Bristol, UK : Multilingual Matters.

Grosjean, F. (2018). Ȇtre bilingue aujourd’hui. Revue française de linguistique appliquée, 2(2), 7-14. https://doi-org.proxy.bibliotheques.uqam.ca/10.3917/rfla.232.0007 (s. a.) (2019). Damien Robitaille : Comment perçoit-il son accent? Chaîne Youtube Plus TFO. Vidéo mise en ligne le 12 mars 2019. URL : https://www.youtube.com/watch?v=owwkJhckfIo&ab_channel=PlusTFO

3 thoughts on “Feeling libre de pensar (by Claude Quevillon Lacasse)

  1. Superbe post, me siento igual, siempre. Mais ce n’est pas facile de rencontrer des personnes qui parlent exactement les mêmes langues y al mismo nivel. That’s why we have unique linguistic profiles!

  2. Wow, Claude, que interesante! Muchas gracias por compartir lo que sientes en même temps entre toutes tes langues. Je comprends exactement ce dont tu parles and sometimes, I just start speaking in whatever of my languages, con lo que sale y ya! Mon correcteur es vraiment going loco right now, jijiji. Parece que no entiende nada. Trop drôle! Anyway, I really enjoyed reading your post.
    Merci,
    Patricia 🙂

  3. Merci pour votre partage, Colette et Patricia! Al parecer, this blog entry will have allowed me to reach “locutores semejantes”! ¡Qué chido! Au plaisir de se jaser one day quizás!

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